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samedi 5 janvier 2008

Et l’homme créa le sourire…

Le Petit Robert est très clair sur le sujet : "Sourire : mouvement léger de la bouche et des yeux qui exprime l’amusement ou l’ironie". Dit comme ça, cela paraît simple. Le mot "sourire" a fait son apparition au XVe siècle, on a d’ailleurs écrit un "souris" jusqu’au XIXe siècle. Jusque-là, tout est logique. Mais, étymologiquement, il vient quand même du latin populaire subridere. Le sourire est donc ce qui viendrait "avant le rire", d’autres dictionnaires le définissant même comme un "rire sans éclat".

Le sourire serait-il alors une sorte de rire au rabais ? Que nenni répondent les spécialistes ! Malgré son étymologie, le sourire n’est pas une forme affaiblie du rire. Chacune de ces expressions à ses motivations propres et a évolué indépendamment. Le sourire intervient dans un contexte de rencontre sociale entre deux individus alors que le rire intervient dans un contexte de jeux. Celui-ci est la transformation de la mimique faussement agressive - dite "visage détendu, bouche ouverte" - en expression d’amusement.

Avec le rire, la respiration devient saccadée, on émet des sons bruyants et des larmes font éventuellement leur apparition. À l’inverse du sourire, la motricité du rire n’est plus volontaire. Le sourire correspond en fait à une tout autre émotion. C’est un mode d’expression non verbale. Il naît de sentiments positifs comme le plaisir, la gaieté, l’affection, la tendresse, la sympathie, mais aussi négatifs comme l’ironie, le mépris ou la cruauté. On peut donc sourire à tout et n’importe quoi mais aussi de n’importe quelle façon. Pour cela, les expressions ne manquent pas : sourire de toutes ses dents, sourire à demi, un sourire entendu, carnassier, ironique, forcé. Il y a même des sourires tristes.

Alors pourquoi sourit-on ? Difficile de répondre en bloc mais, d’une manière générale, le sourire est "un signal muet de sociabilité". C’est un signe d’apaisement, il informe l’autre sur l’absence d’agressivité. Darwin, lui, a une explication un peu différente pour le sourire, celle du principe dit "des habitudes utiles". D’après lui, "dans la joie, on pousse naturellement des cris, le cri exige la bouche ouverte et la bouche ouverte exige à son tour les contractions en question qui se produisent à l’état faible dans le sourire"… Si l’on traduit, cela veut dire que, ne pouvant pas pousser des cris de joie à tout moment, on se réduit à sourire en société pour exprimer son contentement. Cela vaut peut-être mieux pour tout le monde.

Voilà donc pourquoi on sourit, la plupart du temps, sans s’en rendre vraiment compte. Reste à savoir comment ! Il est très simple de sourire. Tout le monde peut le faire, les nouveaux nés l’apprennent dès la sixième semaine de leur vie. Pourtant, à y regarder de plus près, un sourire peut prendre des allures de cours de gym ! Tenez-vous bien : pour sourire il faut remonter la bouche, les yeux, le front, les narines et les oreilles, le tout simultanément. Cette action est possible grâce aux muscles peauciers. Ce sont des muscles aptes à effectuer des mouvements rapides et innervés par le nerf facial. Mis à part ceux-là, quinze autres muscles entrent en jeu dans le sourire dont le buccinateur, l’occipital, l’orbiculaire, le petit et le grand zygomatiques. Ouf !

Mais, malgré l’effort qu’il paraît demander, le sourire a la cote. On sourit en moyenne trente fois par jour de manière sincère. Des études montrent même que le sourire est le premier échange de deux inconnus, le premier contact qui s’établit. Le sourire appartiendrait aux universaux humains ayant résisté aux influences culturelles, comme le rire ou les cris de douleur. On le considère comme inné et génétiquement déterminé puisqu’il apparaît chez des enfants sourds et aveugles de naissance.

Traversant les âges et les cultures, le sourire reste donc un signe de courtoisie… et un atout de séduction de taille ! Les exemples ne manquent pas.

Prenez la Joconde, ça fait plus de cinq cents ans qu’elle nous sourit et le charme est toujours là… Bref, nos recherches nous l’ont prouvé, tous les avis concordent, vous n’avez rien à y perdre, un seul mot d’ordre : "Cheese" !

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